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65ème SaintéLyon, jusqu’aux boues de la nuit

La doyenne et plus grande course nature française, grande classique pré-hivernale, avait sorti le grand jeu pour sa 65ème édition avec un grand parcours inédit de 81 km, le plus long de son histoire.

Les 17 000 concurrents engagés sur 7 formules (dont plus de 7 000 solos sur cette formule reine de 81 km) ont rencontré des conditions très différentes de celles de  2017, où la neige et le froid s’étaient invités et avaient durci la course.

Ce fut sans doute pire cette année. Malgré des températures clémentes au départ, une pluie quasiment permanente, d’abord faible et intermittente puis devenant soutenue en cours de matinée ainsi qu’un vent fort et froid ont accompagné les coureurs dès 0h00. Après la neige et le verglas, c’est donc un terrain gras et des conditions très fraîches et humides qui attendaient les coureurs dès les premiers sentiers. Et ces conditions s’accentuaient au fur et à mesure du temps et des kilomètres parcourus, puisqu’après Sainte-Catherine (km 31), le passage des coureurs de la SaintExpress et des autres formules courtes avait rendu les chemins considérablement glissants et la progression très difficile.

Sur les 44 km de la SaintExpress, les coureurs ont été relativement épargnés par ces conditions. Le champion de France de Trail court, l’espoir Alexandre Fine a fait toute la course en tête avant d’être victime de crampes et dépassé à quelques kilomètres de l’arrivée par le lyonnais Baptiste Chassagne, récent vainqueur du Trail urbain de Saint-Etienne et Sébastien Hours Laure Desmurs l’emporte chez les femmes en 3h48mn.

Sur la course reine de 81 km, les conditions sont devenues très difficiles après Saint-Christo. On retrouvait 5 hommes forts en tête à Sainte-Catherine au km 31 : Guillaume Porche, Thibaut Garrivier, Romain Maillard, Sébastien Goudard et Emmanuel Meyssat, double vainqueur sortant et grandissime favori. Mais ce dernier, victime d’un coup à la cuisse le matin même, a préféré jeter l’éponge à ce deuxième point ravitaillement.

Guillaume Porche tentait ensuite le coup de force dans la portion la plus difficile du parcours jusqu’au ravitaillement de Saint-Genou le Camp et prenait 5 mn d’avance sur ses deux poursuivants, Romain Maillard et Thibault Garrivier. Il résistera et conservera  son avance sur les 45 derniers km jusqu’à l’arrivée à Lyon où il s’impose en 6h 26. Ingénieur chez Areva en haute Vienne, Guillaume Porche clôture en beauté une belle saison 2018 durant laquelle il a remporté le marathon du Bélier (42km), le Grand Trail de la Vallée d’Ossau (74km), la Sainte Victoire (58km) ou encore le Trail de Vulcain (73km). C’est assurément sa victoire la plus prestigieuse à ce jour, 10 ans après avoir découvert le Trail Running sur la SaintéLyon, où il avait terminé 599éme. Il participera ensuite à presque toutes les éditions avec une progression continue. Il finira 12ème en 2014, 9eme en 2015 et 8eme en 2016. Romain Maillard, coureur régulier (865 points ITRA) et récent vainqueur du Trail du Sancy Mont-Dore, assure une belle deuxième place pour sa première participation à la SaintéLyon. Enfin, il faut saluer la belle performance du 3ème, le Lyonnais Thibault Garrivier, 3ème au championnat de France 2018 de Trail à Montgenèvre 2018 et vainqueur de la Marathon Race de la Maxi-Race 2018.

Côté femmes, suite au forfait de la tenante du titre et Championne du monde de Trail 2017 Caroline Chaverot, la course semblait très ouverte. On retrouvait donc en tête à Sainte-Catherine un trio surprise composé de la russe Aigul Mingazoca, suivie par la Française Chrystelle Lambert et une autre russe, Alexandra Morozova. A Saint-Genou le Camp, les françaises Claire Mougel et Sylvaine Cussot se rapprochait de la russe Aigul Mingazoca, toujours suivie par Chrystelle Lambert.

Claire Mougel, médaille d’argent aux championnats du monde de trail 2018, très régulière, rattrapera la Russe 10  kilomètres avant l’arrivée et les deux coureuses se livreront un Mano à Mano jusqu’à la ligne où Aigul Mingazoca s’imposera finalement pour 20 secondes en 7h55mnSylviane Cussot, habituée au top five sur la Saintélyon finira à la 3ème place.

Peu connue en France, Aigul Mingazoca a remporté le Golden Ring Ultra Trail 100 2018, un des plus grands trail de Russie. A noter que 3 coureuses russes ont joué les premiers rôles sur cette édition, marquant peut-être le début de l’internationalisation de la Saintélyon.

La SaintéLyon 2017 confirme donc son statut d’épreuve populaire, rendez-vous culte de fin de saison, et continue d’exercer un pouvoir d’attraction particulier pour l’élite comme pour le coureur anonyme.

Mais, c’est une des caractéristiques fortes de la Saintélyon, les conditions climatiques encore très difficiles, auront causé l’abandon de nombreux favoris et de près de 1700 coureurs. (21% d’abandons sur le grand parcours).

Une édition dantesque qui vient nourrir la longue histoire de la plus ancienne et de la plus « courue » des courses nature françaises.